Je sais de l'amitié le plaisir ineffable
Et de l'amour aussi j'ai appris la valeur
Je suis un être humain qui connaît ses semblables
Mais mon meilleur ami, c'est mon ordinateur.
Ce n'est pas que j'ai peur, ou que
je les méprise
Peut-être un peu des deux, c'est surtout malgré moi
Que face à mon clavier, dans un monde où j'ai prise
Les mondes virtuels n'obéissent qu'à moi.
Du bout de la souris comme d'un
doigt divin
Je décide la mort de mes petits programmes
Et la vie des nouveaux qui chassent les anciens.
Ces petits bouts de code possèdent-ils une âme ?
J'ai deux terrains de jeu pour forger
ma légende
Maître absolu sur l'un et sur l'autre héros
Sur mon ordinateur, je programme et j'invente,
Et je suis un corsaire, connecté au réseau
Dans le néant étrange de l'éther
électrique
Où flottent les données et les programmes fous
Je rencontre parfois l'avatar numérique
D'un autre spécialiste, seul humain à mon goût.
Ce peut être un ami, comme un hacker
nuisible
Qui le serait vraiment s'il se montrait meilleur
Que moi dans l'art subtil de se rendre invisible
Pour déjouer les parades des systèmes censeurs.
C'est souvent l'ennemi, aux ordres
de ses maîtres
Un chasseur de pirate qui me prend comme cible
Un spadassin traqueur, un être vil, un reître
Un repenti vénal qui se croit invincible.
Pour ceux-là j'ai mes ruses et mes
pièges tueurs
Il croit trouver mes traces et suivre mon parcours
Mais j'ai déjà mailé à son ordinateur
Un petit exemplaire de virus sans retour.
Enfin débarrassé de ce rustre pénible
Je peux surfer en paix sur
le réseau génial
Pour chercher et trouver les derniers sites horribles
On trouve toujours tout sur ce marché mondial.
Le réseau c'est mon monde pas du
tout virtuel
J'en connais les recoins, j'y retrouve mes marques
Et une vie plus vraie que dans le monde réel
Sauf quand j'suis au rayon informatique de la fnac.
Pour trouver du boulot, c'est là
que la vie est belle
Les sociétés se ruent et se disputent à mort
Et me prient à genoux de travailler pour elles
Car l'informaticien vaut plus cher que de l'or.
Et je minaude un peu, je fais le
difficile
Le respect fait partie des conditions posées
Car celui qui pour moi n'est pas assez servile
Me priera tôt ou tard de venir le sauver.
Du haut de la puissance que donne
le savoir
Je travaille au projet qui fera bientôt naître,
Pour moi le spécialiste qu'on laisse dans le noir,
Un monde technicien dont je serais le maître.
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