Tableau
 

Je suis dans un grand canapé blanc. Affalé de travers. En face, la cloison blanche sépare le salon de la bibliothèque. Sur la gauche, on aperçoit la banquette où j'aime m'assoir pour lire. A droite, la porte ouverte sur la mer.
Je ne bouge plus. Je n'en ai pas la force. Je regarde la mer au loin, et je rassemble mes souvenirs.

En fait, on a passé très peu de temps ensemble. Une semaine, tout au plus. Une rencontre de vacances sans suite.
A mon retour de vacances, je l'ai cherchée, bien-sûr. J'ai marché dans Paris. J'espérais la trouver, lisant sur les quais, un chat sur les genoux, à des milliers de kilomètres de chez elle...

Chez moi , dans mon canapé blanc, j'entends encore les vagues. Je sens encore le vent qui soulevait sa jupe. Je touche encore du bout des doigts, ses cheveux bruns. Par la porte ouverte, je vois encore la mer...
Je me lève pour fermer cette porte ouverte sur la mer, sur un vide qui me rappelle trop son absence. Derrière la porte fermée, il y a, je le sais, la ville, pleine du bruit de ses humains. La porte fermée , je ne vois ni la ville ni la mer. C'est mieux ainsi.

Je sais aussi que dès que je le voudrai, j'ouvrirai la porte, je m'étendrai dans le canapé, et je verrai la mer. Je croirai la trouver un instant, je la chercherai dans ce mirage. Face à la cloison blanche, avec à ma droite la mer qui masque la ville, je serai avec elle.

Le reste du temps, au travail ou dans la rue, je suis seul. C'est comme si je ne l'avais jamais connue, comme si j'étais seul...

 
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