Dans la rivière
en robe rouge, lotus en flammes aux petits cris
de lumière, j'ai froid. Gorgée de silence entre les fils, je pétris
mon
étendue, l'avenir. J'ai si froid, mon rituel de vie s'essouffle
à m'aviver.
L'été sourit
au temps où j'étais coquelicot. Ma robe se souvient.
Quelque chose chante. Les questions s'allongent sur moi. Tout un
sombre déroule les secondes. Le linge sale des idées me lave pourtant
du désir monacal. Je replie la capuche sur ma voix. Elle est partie.
C'était demain. Belle mouvementée, comme en voyage. Un nuage aux
labours d'étincelles.
J'ai si froid,
mon ardeur échappe à la gravitation universelle. Je
n'ai plus assez de moi en moi ou peut-être le contraire. Les
questions me couvrent de leurs bras. Je lis l'avenir dans les remous
du miroir d'eau. Il flotte, il vague, surnage un instant. Puis ce
n'est
plus moi. Puis le vent, ses sortilèges engloutis, les abysses de
la
tendresse agrippée.
Dans la rivière
en robe rouge, au hasard des fleurs primitives, flamme
je flotte loin de moi. La lumière pétrie de silence remplace chacun
des
froids. Un siècle meurt. Quelque chose chante. Le lotus rouge
d'une voix.
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