Qui a bien pu
construire Hong Kong ? Des êtres humains ? Certainement pas!
On n'atterrit plus au ras des immeubles, à Hong Kong. On
ne risque plus de se retrouver en bout de piste, le bec dans l'eau.
Les gratte-ciels ont trop poussé, il faut voler plus haut...
Au moins, maintenant, on peut avoir la chance de survoler l'île
et son extension continentale. Et avoir un avant-goût de l'enfer...
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C'est beau, l'enfer, non ? |
A l'origine,
Hong Kong était une île de 75 kilomètres carrés,
essentiellement couverte de montagnes abruptes. L'affluence de toutes
sortes d'immigrants, attirés par l'argent brassé sur
cette grande plaque économique, a poussé l'urbanisme
sur la presqu'île de Kowloon, puis sur ces "Nouveaux
Territoires" concédés par Pékin.
Huit millions de personnes vivent (officiellement) à Hong Kong.
En comptant les nouveaux territoires, la superficie totale n'est
pas ridicule. Mais comme tout le monde s'agglutine sur l'île
principale et Kowloon, seuls quelques dizaines de kilomètres
carrés sont habités. En comparaison, Paris, avec ses
deux millions d'habitants pour 105 kilomètres carrés,
fait office, on ne le dira jamais assez, de paradis.
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L'immeuble
Hong Kongais est parfaitement adapté à son seul et unique
but : loger le maximum de monde sur une surface minimale. Dix
mètres de côté, trente étages qui
portent chacun quatre petits appartements, qui abritent chacun
une ou deux familles (car il faut souvent se mettre à
plusieurs pour payer les 10000 Francs d'un quarante mètres
carrés). |
Et à
dix mètres de chez soi, à gauche, à droite,
devant derrière, un immeuble identique. Ou pire...
Même
à New York, on n'a pas cette impression de hauteur. A New
York, on peut vite se sentir écrasés. A Hong Kong, l'étroitesse
confère aux immeubles une impression de fragilité,
leur architecture et leur vétusté donnent au passant
étranger un sentiment de malaise, de dégoût...
C'est vrai que
c'est joli, la nuit. Mais le jour, on voit les boites de climatisation,
les traces d'humidité sur le béton, les amas d'antennes
de télévision au sommet des immeubles. Tout semble
laissé à l'abandon, volontairement, pour que la génération
suivante n'ait qu'une envie : raser et reconstruire plus haut.
Tout ça ne serait pas grave s'il n'y avait des êtres
humains dans ces stalagmites infernales. Mais on n'y peut rien,
comme le moustique sur la lampe tue-mouche, le chinois (pauvre de
préférence) se rue vers Hong Kong. Vous vous imaginez,
vous, habiter un de ces clapiers ? En dessous du vingtième
étage, vous ne voyez pas le ciel. Partout, vous avez une
vue imprenable sur vos voisins d'en face... Comment peut-on faire
autant abstraction de la dimension humaine de l'architecture ?
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Vous appelez ça un jardin,
vous ? |
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