Le sujet des méta-littératures infernales - qu'elles soient romans, écrits satyriques, pamphlets politiques, traités économiques ou scientifiques - est l'alternative. Toutes tentent de décrire un monde où "l'obligation humaine" ne serait plus, où les démons seraient libres de choisir leur but racial. En ce sens nous serions tentés de toutes les décrire comme littératures de science-fiction. Les démons restent des démons et ces futurs décrits ou réclamés ne nous tenteraient guère, la guerre y semble une occurrence quasi-obligatoire, guerre contre d'autres espèces de démons (c'est à dire d'autres espèces que celles du rédacteur, principalement les Seraphiim haïs, semble-t-il, de tous) ou de facon plus inquiétante contre les humains vivants contre lesquels tous devraient s'unir, un trait de plus en plus fréquent après l'expédition de 1803.
D'autres s'attaquent à la structure du pouvoir qui régit les Enfers, dont nous ne savons que peu de choses mais qui semble d'une complexité extrême, et sont d'ordre satyrique ou subversives, mais, en fin de compte, tout aussi guerrières. Encore une fois, ce qui les unit toutes est cette recherche d'un but à donner aux races démoniaques, un but autre que celui qui leur est imposé. Ce qui les unit aussi est un échec commun : les démons, nous enseigne notre Sainte Mère, sont des créatures surnaturelles qui ont été placés en ce monde pour punir les pécheurs; en ce sens le libre arbitre est quelque chose qui leur restera étranger. Certes et cela n'est nulle part plus apparent que dans ces pauvres tentatives avortées, leurs auteurs incapables de se décrire sans faire référence à des éléments humains qu'ils ne peuvent comprendre, et incapable de comprendre cette notion de liberté philosophique qu'ils discutent et réclament à longueur de page. Certains de ces écrits seraient même comiques dans leur naïveté et leur illogisme si le lecteur était capable d'oublier pour un seul instant la nature du rédacteur…
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