Salut ! Bonjour
à tous, je suis le saoulographe
Le beau-frère imbibé que l'on ne retient plus,
Le vieux pote en goguette, intellect en carafe,
Le fêtard aviné qui s'est pissé dessus.
Vous étiez fier
pourtant de sortir avec moi,
Tout à la joie festive d'une soirée d'amis,
D'une fête en famille, ou bien des doux émois
D'une sortie galante en belle compagnie.
Mais le chant
des sirènes s'est bientôt élevé,
Des brumes vespérales a surgi le flacon,
Et le verre brillant comme un diamant fêlé…
Qui pouvait résister à cette tentation ?
Et toute la
soirée qui passait comme un charme
A viré peu à peu au cauchemar bruyant
Les rires ont laissé place à la peine, au drame
Quand a dégobillé le beau Prince Charmant.
Car l'alcool
capiteux a fait de ce convive,
Qui vous charmait naguère par quelques mots d'esprit
Par sa galanterie et sa joie toujours vive,
Un rustaud graveleux qui vous parle à grands cris.
Oh, vous avez
bien tenté d'éviter le désastre,
En limitant les toasts, en renversant les verres
Mais c'est que ce martyre est écrit dans les astres
Vous finirez ce soir en sanglotant à terre.
Mais après tout
qu'importe ? Pourquoi ne pas céder ?
Si l'alcool vous emporte, qu'avez-vous à pleurer ?
Le regard de ces gens ? Vous pouvez l'oublier !
Mais ce qui vous importe, c'est cette dignité…
C'est cela avant
tout, cette idée de vous-même,
Que vous avez construit tout au long des années
Ce beau portrait social, cet esprit et ce flegme,
Qui est sur vos épaules comme un fardeau posé.
Ami je te le
dis, ébroue-toi sous le joug
Que le soleil d'alcool soit ton seul conseiller
Que tout le sang du vin fasse rosir tes joues
Partage la liqueur et laisse-toi saouler !
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