Mon amoureuse
quand elle est fatiguée
Pâlit encore s'il est possible
Au delà de la blancheur naturelle de son corps
Ses pommettes
perdent toute couleur
Et des cernes dessinent des demi-lunes mauves
Sous ses yeux de pierre grise qui s'inclinent
Elle baisse
la tête et ses fins cheveux lisses
Glissent sur son visage comme le rideau
D'un théâtre personnel
Je crois parfois
qu'elle va s'évanouir
Elle prend une couleur de craie
Au fond de ses yeux sont tombés des nuages de pluie
Les minces lèvres
sont rose pâle
Si pâles à vrai dire qu'on distingue mal
Sa bouche serrée
Mon amoureuse
quand elle est fatiguée
Prend le visage d'un magot chinois stylisé
Figé dans une porcelaine poudreuse
Parfois j'ai
l'impression
Par ces jours gris de l'hiver où elle prend ce visage
blanc de craie soyeuse
Qu'un souffle
de vent sur cette poudre irréelle
Va dissoudre tous ses traits
Et qu'elle disparaîtra comme une dune éphémère.
|