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L'hiver terrible
a figé nos doigts gourds autour des accoudoirs couverts de
gel, gelant le chat terrifié à nos pieds noircis,
couvrant le feu éteint dune chappe de suie glacée,
cristallisant l'alcool dans le verre abandonné (Carlos
Finlay : cinq parts de rhum blanc, trois parts de Grand Marnier,
trois cuillères de crême fraiche, une cuillère
de sucre de canne, une cuillère de jus de citron mélangés
au shaker avec de la glace pendant quinze secondes. Filtrez.)
. Des livres s'échappe quand même une chaleur furtive
qui promet un printemps rieur...
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La
Mort et la belle vie
de Richard Hugo |
Maître
de Crumley et de Welch, Richard Hugo n'a écrit qu'un roman,
une sorte d'archétype du polar, hommage aux maîtres
du genre qu'il connaît par cur. L'enquête de Al
Barnes, flic et poète, surnommé Al la tendresse est
à la fois classique et novatrice. Classique parce qu'elle
se nourrit des clichés du roman noir, tant au niveau de l'intrigue
que du style, et novatrice parce que Hugo distille un humour et
une poésie, notamment par le biais de ce personnage manipulé
et déglingué, qui appellent tous les auteurs à
venir, tous ceux qui se réclament de sa paternité
littéraire.
La mort et la belle vie est un texte qui à la fois
rend hommage à un genre précis et qui dans le même
mouvement inaugure une nouvelle dimension de ce genre. Sorte de
" chaînon manquant " entre le roman noir classique
et Crumley et Cie, le livre de Hugo fait partie de ces quelques
bouquins qu'on a déjà l'impression d'avoir lus et
relus et que pourtant on découvre avec émotion, tant
leur lecture a influencé nos auteurs préférés
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EM |
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Gorgias
/ Le Banquet / Phèdre
de Platon |
Rien ne vaut
la lecture des sources. Ainsi, en lisant les dialogues platoniciens
nous découvrons par nous-mêmes à quel point
non seulement le christianisme mais l'ensemble de la culture occidentale
s'est nourrie du philosophe athénien.
En effet, l'ambition
de Platon n'était pas seulement d'être le meilleur
rédacteur de discours du monde grec ; il prétendait
dire la vérité, car il avait accès aux idées
pures. À un moment donné, dans Phèdre, Platon
démontre, en une trentaine de lignes, l'immortalité
de l'âme.
À travers
la voix de Socrate, Platon accuse les rhétoriciens de ne
pas savoir de quoi ils parlent, de ne pas distinguer, de ne pas
définir. Dès lors il ne peuvent pas connaître
la vérité. Pourtant, si elle met en lumière
les présupposés de l'auteur, en aucune façon
une définition ne garantit la vérité d'un discours
; tout au plus garantit-elle une certaine cohérence. Platon
semble admettre cette concession, une fois : " Notre définition
a pu être bonne ou mauvaise ; en tout cas elle nous a permis
de rendre notre discours clair et cohérent " (Phèdre,
p. 174). On a cependant du mal à le croire. Platon est tout
sauf un sceptique, il pense que sa définition est vraie.
" Voilà,
Phèdre, de quoi je suis amoureux, moi : des divisions et
des synthèses. J'y vois un moyen d'apprendre à parler
et à penser " (Phèdre, p. 175). Seulement ? Si
nous le prenons au mot, la philosophie ne serait plus l'activité
qui cherche à savoir la vérité, mais une forme
de discours qui répondrait à une esthétique
particulière, et dont la seule vérité résiderait
dans sa cohérence interne. La philosophie se résumerait
à l'art de la dialectique.
Voilà
qui confirme l'idée qu'un bon philosophe est avant tout un
artiste inspiré qui maîtrise une certaine technique.
D'où peut-être le puissant sentiment d'inutilité
que l'on ressent à l'écoute de conférences
de philosophes célèbres. Quel érudition ! Quelle
cohérence ! Quel enthousiasme ! Mais qu'ai-je appris sur
le monde, sur moi ? Rien.
Nous éprouvons
un sentiment ambigu à la lecture des discours platoniciens.
Notre sympathie ne se porte pas spontanément sur Socrate,
le bon philosophe et véritable héros des dialogues.
À la fin de la lecture, nous ressentons comme une gêne
face à l'ironie du philosophe, face à son mépris
à peine dissimulé pour les grands esprits de son temps
; en un mot, pour son orgueil, si démesuré qu'il semble
bien confondre son talent d'orateur avec la vérité.
Comment lutter contre un illuminé ? Et nous nous sentons
si proches de la confusion de Calliclès, de Gorgias, qui
se taisent à la fin, laissant le dernier mot au tyran de
la parole qui voudrait, pour reconnaissance de son talent, nous
faire admettre qu'il détient la vérité, que
par sa bouche sortent des paroles divines.
Le plaisir que
Platon prend à convaincre est presque effrayant. Il faut
qu'il ait l'assentiment de son interlocuteur, de gré ou de
force. On sent dans les dialogues tout le plaisir qu'il y a à
dominer intellectuellement son interlocuteur, à le voir plier,
à l'humilier en lui faisant reconnaître une contradiction
qu'on a soi-même fait naître dans son discours.
Cet étrange
plaisir de domination est particulièrement visible dans Gorgias,
où Calliclès dit de Socrate qu'il ressemble à
un chien fou courant derrière son os. Platon n'admet pas
qu'il ne pratique la philosophie que pour assouvir ce désir
de domination. Son combat est celui de la vérité et
de la vertu, bien sûr. On n'inflige la souffrance que pour
réformer les âmes (Phèdre). Belle justification
de la violence que les zélateurs futurs de la vérité
n'oublieront pas.
Les autres orateurs
admettent qu'ils veulent convaincre, non par plaisir, mais pour
gagner un procès, de l'argent, bref, par intérêt
professionnel et matériel. Ils ont en définitive un
rapport plus franc, et donc plus sain à l'art oratoire. Platon,
qui se croit seul pur, inspiré par la vision des idées
pures dans le ciel pur des idées, est dans une recherche
tautologique du plaisir de convaincre, sans jamais l'admettre, et
aux dépends des autres.
Platon est lui-même
le plus bel exemple de l'artiste " délirant " dont
parle Socrate à Phèdre. Plus puissant que l'artiste
" raisonnable ", il trouve de nouveaux modèles,
établit de nouvelles normes, grâce à une sorte
de " synthèse géniale " qui est le mécanisme
moteur du délire artistique. Et il en arrive à confondre
délire et vérité.
Platon est passé
à la postérité parce qu'il était un
orateur si brillant qu'il a permis une confusion entre délire
et vérité, ce qui est la démarche même
du mysticisme. Il a donné une base théorique et une
rhétorique à un discours de la vérité.
Il est bien en ce sens le premier prophète du monothéisme
occidental.
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DH |
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Comme
un sanglier
de
Lawrence Norfolk |
Après
cent pages, je me suis dit que cétait le bouquin le
plus chiant que javais jamais lu. Trois cents pages plus tard,
pour plagier Rénault, jai regretté que ça
ne le fut pas
Pourtant, outre des initiales prometteuses, Lawrence Norfolk a de
bons atouts. A la lecture du Dictionnaire de Lamprière, je
me suis dit que javais trouvé lUmberto Eco anglais.
Une immense culture, un goût certain pour la philosophie,
la volonté dinnover en littérature, ça
fleurait bon le Borges, miam ! En plus, un livre sur les sangliers
ne pouvait que plaire à un ardennais fier de lêtre
!
Je me jette sur ce pavé tête baissée, tel le
sanglier qui charge. Dès les premières pages, des
notes remplissent les bas de page de références bibliographiques
obscures, souvent plus longues que le texte lui-même. Je me
dit Cool ! Il cherche à écrémer les lecteurs,
pour ne garder que les plus intellos, ceux qui nen veulent.
Ce côté élitiste nétait pas pour
me déplaire. Quant au texte lui-même, on reconnaît
le récit de la chasse au sanglier de Calydon, un épisode
de la quête de la Toison dOr. Mais on se dit quand-même
Bizarre, ce texte ! Etrangement, à cause certainement dune
surabondance de détails inutiles et encombrants, on naccroche
pas. Cette progression sur les flancs de la montagne de Calydon,
on mélange les personnages entre eux, le rêve à
la réalité
Et on commence à semmerder
ferme. On ne voit pas où il veut en venir, mais on lui laisse
le bénéfice du doute, on serre les dents, on avance
: cinquante pages, cent pages, on comprend toujours pas. Cent quarante
quatre pages, on passe de lantiquité grecque à
Paris, fin du 20ème siècle. On se dit quon va
avoir droit à notre explication, voire à des excuses
pour ce quon a subi.
Petit à petit, tout séclaire : lhistoire
contemporaine fait écho à lenfance du personnage
principal qui fait elle-même écho à la chasse
mythique. Et là on comprend que Norfolk sest lancé
dans une expérimentation littéraire. Bon, je ne lui
jette pas la pierre, nous aussi on a fait des expériences
plus ou moins réussies dans latelier. Mais nous, au
moins, on fait ça sur deux ou trois pages, pas plus. On ne
fait pas subir quatre cent pages insipides à nos lecteurs.
Linsupportable dans ce bouquin, cest la prétention
de son auteur. Il oublie quun livre doit donner envie dêtre
lu, même si son auteur cherche surtout à samuser
à faire des analogies entre trois histoires sans aucun lien
entre elles. La construction est originale, soit, mais le génie
est absent, lhistoire est nulle, lexpérience
ratée.
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LN |
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Feu
de prairie
de Jamie Harrison |
Farfouillant
tel l'acharné tapir dans les rayons chéris de ma jolie
(et gratuite) bibliothèque municipale, légèrement
stressé par des appels du style "la bibliothèque
ferme ses portes dans cinq minutes ", " le prêt
est terminé au second étage " ou " les utilisateurs
encore présents dans l'espace science-fiction vont être
désintégrés ", je découvre un Harrison
dont je n'ai jamais entendu parler, qui plus est, publié
en série noire
je m'enfuis tel la hyène récemment
sevrée, poussant dans la rue des petits gémissements
de joie afin de me réfugier dans ma chambrette pour examiner
de plus près ce bouquin. Bon, d'accord, c'est pas Jim Harrison,
c'est Jamie Harrison, je suis un peu déçu, certes,
tout le monde a le droit de se tromper, mais ceci dit ça
donne toujours l'occasion de lire quelque chose de nouveau
Et bien, laissez-moi vous dire que le roman de Mme Harrison (un
lien de famille ? qui sait, des Harrison, il doit pas y en avoir
plus de deux ou trois millions
) est fort agréable à
lire, c'est une disciple de tous les auteurs américains qu'on
aime bien, homonyme compris. Elle est du Montana, ce qui constitue
presque un gage de qualité en soi (c'est vrai, ça
: qu'est-ce qu'ils font de spécial au Montana ? c'est pas
possible, ça) .
Un shérif qui arrange tout le monde dans un patelin de vieux
requins, des histoires sordides courant sur des années, un
cow-boy mort depuis dès années qu'on retrouve par
hasard et une société historique composée de
vieilles folles hystériques
bonne histoire plutôt
drôle, bien menée, tout cela est fort sympathique.
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EM |
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Inversions
de Iain M. Banks |
Pas besoin de
le répéter, nous sommes à KaFkaïens
des lecteurs intégristes de Banks (certains des membres de
la rédaction se rasent la tête en psalmodiant son nom
les soirs de pleine lune), aussi c'est toujours une certaine prise
de risque que de critiquer un de ses bouquins, car on peut, à
n'importe quel moment de l'une de nos légendaires réunions,
voir un de nos charmants camarades se lever les yeux vides en brandissant
son couteau et en disant d'une voix mécanique " argh,
tu as insulté le maître et tu vas payer " (ne
riez pas, ça m'est déjà arrivé : j'avais
émis des doutes sur la qualité des certaines illustrations
de l'Encyclopédie du Teckel, quand notre bien-aimé
rédacteur en chef m'a poignardé à plusieurs
reprises au milieu du restaurant kabyle où nous avons nos
habitudes ; je dus mon salut ce soir-là au fait qu'aveuglé
par la rage, il avait saisi un merguez dans son assiette à
la place de son couteau). Quel est le rapport avec Banks me direz-vous,
certes, je n'en vois pas non plus, mais de toute façon, pas
de problème avec Inversions, c'est de la bien belle
ouvrage. Banks fait montre une fois de plus d'une maîtrise
narrative impressionnante : le récit prend place de façon
très allusive quant à ses tenants et aboutissants,
le lecteur assiste à des scènes qu'il ne peut que
mettre bout à bout sans indice quant à ce qui se passe
réellement. Certes, on sent que quelque chose se passe qui
échappe à la logique des deux récits qui s'entrecroisent,
deux histoires d'étrangers venus on ne sait comment occuper
un poste de confiance dans deux sociétés proto-féodales
(j'ai toujours rêvé de placer le terme " proto-féodal
" dans ce magazine), mais le mystère des buts et objectifs
de ces deux personnages, observés par un tiers, espion à
la solde d'on ne sait qui, demeure pendant la majeure partie du
bouquin.
Et c'est là à mon avis la grande qualité de
Banks : on prend tellement de plaisir à lire ce qu'il écrit
qu'on se prend à vouloir repousser la résolution (pourtant
bien faite) du roman. Bref, même si ce livre n'est pas un
chef d'uvre comme Banks nous en a déjà fait
(ah, je sens venir la tentative de meurtre), c'est tellement bien
écrit et maîtrisé qu'on se prend à souhaiter
que le livre ne finisse pas, du moins pas tout de suite.
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EM |
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Le
théâtre des opérations, journal métaphysique
et polémique, 1999
de Maurice G. Dantec |
C'est une étrange
épreuve que de lire le journal de Dantec. Ce qui frappe d'entrée,
qu'on analyse d'abord timidement avant d'en avoir confirmation tout
au long des 600 et quelques page, c'est le ton qu'emploie l'auteur.
J'aimerais qu'on m'explique comment un auteur qui a écrit
un très bon polar (les racines du mal) et deux autres
moins bons (la Sirène rouge, son premier bouquin,
et Babylon Babies, son dernier) peut poser à ce point,
se complaire à ce point dans le rôle du génie
incompris et visionnaire. Il est incroyable de voir cet homme qui
fait au demeurant plutôt bien son boulot congédier
des pans entiers de réflexion, de culture d'un " vous
avez rien compris " de cour de récréation, tout
ne cessant de ramener tout à son ego : lui a compris, et
il va nous expliquer
Tout y passe : et que je commence des phrases par " ce que
Marx n'a pas compris
", et que je te cite Nietzsche toutes
les dix lignes tout en maudissant la philosophie et les universités
(dis donc, toto, c'est qui qui les traduit et les édite,
tes bouquins de Nietzsche ? Colli et Montinari, ils bossent dans
leur garage ?), et que je psalmodie que tout ça c'est la
faute aux " intellos, les pacifistes, les gauchistes, les communistes,
etc
" dans une sorte de litanie qui tient plus de l'abréaction
psychanalytique que du raisonnement, je vous passe les développements
les plus pénibles sur la situation politique mondiale et
les fines analyses sur la société française
Dantec n'aime pas : la France (on échappe de peu au couplet
sur les fonctionnaires et sur les impôts), l'Europe (trop
vieux comparé à l'Amérique du Nord), ce qu'il
appelle " Le Parti Communiste " ou " les communistes
" et qui en gros va de Bourdieu au Monde Diplo en passant par
Staline et Pif le chien, l'ONU, les pacifistes (intéressante
fascination pour ce qu'il appelle " les métiers des
armes ")
Vous allez me dire : ok, c'est son problème
et vous avez raison. Moi par exemple je déteste Les Triplés
(pour ceux qui ont la chance de n'avoir jamais lu le Figaro-Magazine,
c'est une bande-dessinée avec trois enfants qui sont très
bien coiffés), et bien je ne passe pas mon temps à
dire " Toujours pas la paix au Proche-Orient et c'est pas avec
les Triplés que ça va s'arranger
". Dantec,
il est comme ça : tout s'explique de toute façon de
toutes les manières du moment que ça colle bien avec
le dernier article qui lui a plu ou le dernier bouquin qu'il a trouvé
en librairie.
Le plus pénible, c'est quand il se fait redresseur de tort
ou donneur de leçon, quand il donne à lire ses brouillons
de réponses à des articles de journaux, on a l'impression
d'un très vieux monsieur qui écrit pour signaler que
des jeunes se réunissent dans sa cage d'escalier avant d'enchaîner
sur les communistes qui lui ont fait perdre son boulot
la
parano peut être drôle dans bien des situations, chez
Dantec, ça sert de style et on se croirait dans le courrier
des lecteurs du Figaro, pas au niveau des idées (quoique
des fois
), mais dans le ton : cette façon épaisse
d'avoir raison et d'être dans son bon droit, les " je
vous l'avais bien dit " et les " mais quand donc comprendrez-vous
? ", bref, rien que l'on ne sache déjà
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EM |
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Baudolino
de Umberto Eco |
Faut-il croire
Umberto Eco ? La réponse est non. Ne croyez jamais Eco. Ce
n'est pas parce que ce type a la culture générale
de, disons, l'Académie Royale de Belgique, qu'il faut prendre
tout ce qu'il nous raconte au premier degré. La farce intello
est chez lui une habitude. C'est comme si, périodiquement,
il en avait marre de ses recherches en sémiotique, et potache
dans l'âme, il se lâchait à raconter des blagues.
Il nous avait gratifié, il y a 40 ans, de ses pastiches,
puis de la tétrapiloctomie du Pendule De Foucault. Bon, L'Ile
du jour d'avant, on va dire que c'était une blague, hein
? Parce que, personnellement, j'ai pas bien compris, juste trouvé
ça chiant à mourir. Mais ici, avec Baudolino, pas
de doute, il s'est amusé.
D'ailleurs, il nous donne les clés de lecture dès
le 4ème chapitre. "Baudolino, tu es un menteur-né".
Tout ce que Baudolino nous raconte dans ce roman, tout est faux.
Faux, soit, mais joliment, intelligemment faux. Avec à lui
seul, les connaissances d'un stade de foot complet, Eco arrive à
créer les bases plausibles du mensonge.
L'histoire se passe au 12ème siècle, et l'on se demande
parfois si Eco n'a pas vécu à cette époque,
tant la précision historique, politique, culturelle dépasse
les plus barbants romans historiques. Sur cette fondation irréfutable,
Eco construit une histoire abracadabrantesque (pour reprendre le
mot de Baudelaire, ne nous y trompons pas). Fils de paysan, Baudolino
devient fils adoptif de Frédéric Barberousse, et part
à la recherche d'un mirifique pays chrétien d'extrême
orient. Au cours de sa longue vie, Baudolino crée des légendes,
auxquelles il finit par croire lui-même. Parmi ses légendes
baudolinesques, on va trouver, excusez du peu, la quête du
Graal qui, justement sera écrite peu après, et même
le suaire de Turin, dont l'origine est carbone-datée de cette
période trouble.
Tout est faux, bien-sûr, mais tellement plausible. Dans cette
période de confusion extrême, de guerres, de débats
théologiques, (je parle du 12ème siècle, le
nôtre ne connaît plus ni les guerres, ni les querelles
religieuses), à cette époque charnière, tout
est possible. Et pourquoi Eco n'aurait-il pas raison ? Et si toutes
ces histoires avaient réellement commencé ainsi ?
On ne le saura jamais, et si ce livre connaît le succès,
retirez-lui la mention "Roman", et ses mensonges deviendront
peut-être la vérité. Encore une fois, Eco affirme
sa parenté avec l'autre maître es brouillage du réel,
j'ai nommé le grand Borges !
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LN |
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