Lumière
rasante à travers la fenêtre
Longues raies d'ombre
Sur le plancher de linoléum
Bleu
Bleu pétrole
Conversation
au téléphone
J'étais dans une cabine place Jussieu, terrasses offertes
Paris en fleurs, cafés bruyants, lui dans sa chambre d'hôpital
Couché dans une bulle de plastique
Bleue
Bleu pétrole
Quelque chose
va et vient
Dans le fil de ce téléphone
Quand tu sortiras, tu me laisseras, lui dis-je
T'offrir un verre en haut du Concorde Lafayette, porte Maillot
Fauteuils profonds derrière la baie glacée
Bleue
Bleu pétrole
Je voudrais
t'envoyer, lui dis-je
Ces gravures d'Hiroshige
Où les cours d'eau s'étirent
Vers la montagne jaune, jusqu'à l'horizon,
Un ciel plus sombre y rougeoie
Au bout de longs rubans de peinture
Bleue,
Bleu pétrole
Je les regarderai,
me répond-il, et puis je te dirai
Celle que je préfère entre toutes
Et dans sa voix quelque chose brûle
Quelque chose de bleu
Bleu Pétrole
Rires et cris
qui fusent
Les filles cheveux au vent
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