Hong Kong Stories Retour à la page précédente Retour au sommaire de KaFkaïens Magazine
 
 
28 mars 2003
 
Je suis réveillé par le téléphone. Il paraît que le gouvernement de Hong Kong a décidé de fermer toutes les écoles. Qu'est-ce que cela signifie ? Cette grippe est-elle plus sérieuse qu'on ne le dit ? D'ailleurs, on ne parle plus de grippe, mais de pneumonie atypique. On a peut-être trop travaillé ces derniers temps. On a peut-être raté une information importante. Est-ce que tu savais que personne n'a encore réussi à identifier le virus ? Qu'il n'y en aurait pas un, mais deux ? Qu'il n'y a pas de traitement ? Je sais seulement qu'il y a eu plusieurs morts, mais surtout parmi le personnel soignant. Eh bien, tu te trompes. La maladie est maintenant sortie de l'hôpital. Où peut-on acheter un masque ? me demande finalement mon ami. Mais je n'en sais rien. Je raccroche. Un café, par pitié. Pas de chance : encore le téléphone qui sonne. Et pourtant, il n'est même pas 10h. Je t'ai acheté un masque, me déclare cette amie, car tu es de nature trop confiante, je te connais. Je te le donnerai ce week-end. C'est gentil, mais pourquoi soudain cette psychose ?
C'est apparemment une déclaration de la Chine mercredi qui a donné l'alerte : elle reconnaissait 31 morts. Hong Kong a reconnu, pour sa part, 50 nouveaux cas de contamination pour la seule journée de jeudi. 50 sur un territoire qu'on traverse en taxi en moins d'une demi-heure. Je regarde par la fenêtre les tours qui se dressent dans la nuit, les foyers de lumière qui constellent leurs flancs. On dirait qu'elles penchent. Je ferme les yeux, pris de vertige.
 
29 mars 2003
 
Le temps est gris. Les rues désertes. Les rares passants masqués. Les programmes de télé répétitifs : l'épidémie - le mot a été lâché - est le deuxième titre après l'Irak. Flatteur, mais pas vraiment rassurant. Le soir, un de mes amis me montre un article de journal. On y voit le visage masqué d'un chirurgien en gros plan. Derrière des lunettes aux verres épais, les yeux sont embués de larmes.
 
 
30 mars 2003
 
Hong Kong n'est plus une ville. C'est un bloc opératoire.
 
PVK
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