On a déjà
dressé la litanie des mille et unes horreurs provoquées
par l'échouage du pétrolier Amoco Cadix sur les rives
de la Bretagne. Les bancs de plancton massacrés, les poissons
morts par millions, la flore sous-marin réduite à
néant, sans parler des conséquences à long
terme. Cette fois, le pétrole a trouvé une histoire
encore plus noire à accrocher à son palmarès.
Samedi dernier,
tandis qu'il participait à une opération de nettoyage
près des plages de Perros Guirec, Yann Le Goffic, jeune pêcheur
de 20 ans, a été alerté par une forme inhabituelle
échouée contre un rocher. Il a d'abord cru à
un simple amoncellement de varech, ou à quelque ballot de
vêtements poussé là par la marée et recouvert
de mazout. En s'approchant, il n'a pas tardé à réaliser
son erreur. L'objet en question n'était pas une épave
ordinaire. Il s'agissait d'un corps humain. De sexe masculin. A
peine plus grand qu'un cormoran. La dépouille d'un enfant
de sept ans.
Epouvanté
par sa découverte, Yann Le Goffic a immédiatement
alerté la gendarmerie. Qui n'a pu que constater les faits.
L'enfant n'ayant sur lui aucun papier permettant de l'identifier,
et aucune disparition n'ayant été signalée
récemment dans la région, une autopsie a été
pratiquée. Celle-ci a révélé de multiples
fractures et contusions, dont le responsable est sans nul doute
l'océan lui-même. L'examen du sang et des poumons semblerait
prouver que la malheureuse victime a succombé à la
noyade.
Le dossier reste
pour le moment plutôt maigre, et soulève de nombreuses
questions : l'enfant a-t-il été entraîné
par une vague alors qu'il jouait au bord de la plage ? Si tel est
le cas, comment expliquer qu'il ait pu se trouver sans surveillance
? Et pourquoi ses parents ne se sont-ils pas manifestés ?
Aurait-il été victime d'un enlèvement ? Mais
l'examen du corps n'a révélé aucun indice d'agression
sexuelle. Quel serait alors le mobile de l'enlèvement ?
Deux hypothèses
ont pour l'heure la faveur des policiers chargés de l'enquête.
La famille serait victime d'une demande de rançon, et tenue
sous silence par la menace. Si tel est le cas, la découverte
du corps de l'enfant devrait les pousser à se manifester
dans les heures qui viennent. Dans le cas contraire, reste la seconde
hypothèse : que l'enfant ait été assassiné
par l'un de ses proches. En tout état de cause, l'urgence
pour le moment est de procéder à son identification
le plus rapidement possible [
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