Je suis l'Or
Noir, le sang vital de l'Industrie
Je suis la boue collante à l'odeur empuantie
Je suis l'embarilé pour qui tous les Etats
Se battent en coulisse comme un enfant sournois.
Voyez-les, plus
avides qu'un chercheur de chimères
Prêt à tout pour de l'or, prêt à vendre
sa mère,
Voyez-les ces Etats grands donneurs de leçons
Abdiquer leur éthique pour trente noirs bidons.
Voyez ces dictateurs
assis commes des porcs
Sur la fange noirâtre de leurs soues pétrolières
Voyez ces corrompus vautrés sur la misère,
Souriant à leurs maîtres dans un rictus de mort.
Voyez ces compagnies,
bras cachés des Etats
Edifier leurs empires et leurs installations
Sur les corps ignorés des ouvriers sans nom
Que la faim a poussé à venir mourir là.
Voyez ces techniciens
qui depuis leurs bureaux
Dans le confort feutré projettent et planifient,
Et jettent un oeil serein aux esclaves locaux
Qui forgent de leurs mains les chaînes qui les lient.
Voyez ces rentiers
gras devant leurs écrans blancs
Qui décident sans honte de rentabilité,
De marges, de profits, quand ils savent pourtant
Que d'autres vont mourir et qu'eux vont prospérer.
Voyez les sols
pollués, voyez les oiseaux morts
Voyez la mer souillée où meurent les poissons,
Voyez les fumées noires des autos aux stations,
Regardez bien les pompes et voyez le rapport.
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